Toutefois, cela ne veut pas dire de les laisser faire tout ce qu’ils veulent sans leur imposer de limites. Pour favoriser le développement harmonieux des enfants, un juste équilibre entre permissivité et limites est de mise. Dans cet article, je vous explique pourquoi il est important de fixer des limites aux enfants.
Que sont les limites?
Selon Rosine Des Chênes, il y a trois types de limites : les interdits majeurs, les règles et les modes d’emploi. Voyons à quoi chaque type correspond.
Interdits majeurs
Comportements jugés comme inacceptables dans la société parce qu’ils portent atteinte à une personne ou à sa propriété, par exemple :
- Violence physique
- Violence verbale ou intimidation
- Bris du matériel, vandalisme
- Vol
Règles
Grandes lignes de conduite qui guident les comportements dans différents milieux, par exemple :
- Règles de la communication
- Règles d’hygiène
- Consignes de sécurité
- Règles de vie
- Horaire type
Modes d’emploi
Façon dont on accomplit une tâche spécifique dans un milieu donné, habitudes propres à ce milieu, par exemple :
- Routines
- Rituels
- Rangement
- Habillement
Pourquoi les limites sont-elles importantes?
1. Parce que l’enfant ne peut pas se les imposer lui-même
Biologiquement parlant, le jeune enfant est programmé pour satisfaire ses propres besoins (c’est comme ça qu’il assure sa survie!). Par exemple, en pleurant, le bébé nous alerte qu’il a faim et on vient le nourrir. Il expérimente ainsi le plaisir associé à la satisfaction de ses besoins.
En vieillissant, bien que l’enfant soit plus autonome, il est encore motivé par son plaisir et sa satisfaction immédiate. C’est pourquoi on dit souvent qu’il est égocentrique. Ce qu’on veut dire par là, c’est que l’enfant d’âge préscolaire est centré sur sa propre perception. C’est biologique, son cerveau n’a pas encore atteint la maturité nécessaire pour qu’il puisse considérer le point de vue de l’autre (cela n’arrive d’ailleurs qu’autour de 6 ans).
Jusqu’à cet âge, l’enfant n’a pas encore conscience que ses choix et ses comportements ont un impact sur les autres. Il ne peut donc pas réguler son comportement de façon autonome. Pour aider l’enfant à adopter un comportement approprié à la vie en groupe, l’adulte doit lui fournir les limites qu’il n’est pas encore en mesure de s’imposer par lui-même. Grâce aux limites, l’enfant apprend graduellement que sa liberté s’arrête où celle des autres commence.
2. Pour assurer la sécurité physique et psychologique de tous
Similairement, le jeune enfant n’est pas encore conscient des dangers qui l’entourent. Bien qu’il soit parfaitement acceptable de jouer au ballon dans la cour, l’enfant ne peut pas courir chercher son ballon dans la rue sans regarder, au risque d’être heurté par une voiture. En ce sens, il est primordial qu’on impose des limites aux enfants pour assurer leur sécurité.
En milieu éducatif, les limites qu’on impose aux enfants permettent aussi d’assurer la sécurité des autres. Par exemple, le fait de lancer des roches n’est pas dangereux en soi pour l’enfant, mais cela peut considérablement compromettre la sécurité des enfants qui jouent à proximité. Les limites permettent donc de réorienter ce comportement vers un jeu moins dangereux.
Les limites permettent également de protéger l’intégrité psychologique des enfants. Aucun enfant (ni aucun être humain d’ailleurs!) ne devrait être humilié, rabaissé, ridiculisé ou intimidé. Définir les comportements acceptables lorsqu’on est en colère ou lorsqu’on vit un conflit permet ainsi d’assurer la sécurité psychologique des enfants dans le groupe. Oui, c’est acceptable d’être fâché, mais on ne peut pas dire n’importe quoi à nos amis pour autant.
Les limites permettent ainsi de protéger les enfants des gestes ou des paroles qui pourraient porter atteinte à leur intégrité physique et psychologique.
3. Pour développer l’autodiscipline
Apprendre à respecter des limites venant de l’extérieur, c’est une étape intermédiaire qui permet à l’enfant de développer l’autodiscipline, un peu comme un bébé qui apprend à marcher à 4 pattes avant de se lever debout.
Partons du principe que pour le jeune enfant, ce qui est « bien » ou « acceptable », c’est ce qui lui procure une satisfaction immédiate. C’est donc à l’adulte que revient le rôle de le guider vers les comportements acceptables ou non. Jusqu’à 6 ans, l’enfant, encore centré sur lui-même, se conforme principalement aux limites qu’on lui impose pour nous faire plaisir ou pour éviter les sanctions. On pourrait croire que cela n’est pas souhaitable, mais au contraire, c’est une étape nécessaire vers l’autodiscipline.
Avec le temps, à force d’être confronté aux mêmes limites avec constance, l’enfant en vient à les considérer comme les siennes. Il intègre que dans la famille ou dans le milieu éducatif, on se comporte de telle façon. Il commence ainsi à se conformer aux règles par sentiment d’appartenance. Lorsque l’enfant perçoit les limites comme étant les siennes, il peut ensuite les respecter par lui-même, pour le bien-être des autres et la satisfaction personnelle d’avoir bien agi. Et c’est ce qu’on veut! Toutefois, les limites doivent d’abord être imposées de l’extérieur pour que l’enfant vienne à les percevoir de l’intérieur.
4. Pour favoriser l’adaptation au milieu éducatif
En milieu éducatif, les limites claires et constantes rendent l’environnement prévisible. L’enfant sait clairement ce qui est attendu de lui, ce qui est permis ou non. Il peut donc prendre des initiatives à sa hauteur pendant ses jeux, tout en sachant les limites à ne pas franchir. Selon Rosine Des Chênes, c’est comme faire une randonnée : « Quand il est facile de suivre la route, parce que les bords sont bien délimités, on peut tout à loisir profiter du beau temps, du plaisir de l’exercice et de la beauté du paysage ». (p. 136)
De plus, les limites appliquées de façon constante amènent un sentiment de sécurité chez l’enfant. Grâce aux limites, il sait que sa sécurité et son intégrité psychologique seront protégées en toutes circonstances. Cela lui permet de profiter pleinement des situations offertes et de s’impliquer dans son jeu sans inquiétude.
En créant un tel sentiment de prévisibilité et de sécurité chez l’enfant, les limites favorisent son adaptation au milieu éducatif. C’est d’ailleurs un élément important à mettre en place dès le début de l’année pour faciliter l’intégration au service de garde.
Conclusion
-Rosine Des Chênes
Référence :
Des Chênes, R. (2012). Guider les enfants vers l’autodiscipline. Chenelière Éducation.