Dans cet article, je vous présente mon entrevue avec notre passionné vedette du mois de septembre : Sébastien, enseignant à la maternelle 5 ans. Après quelques hésitations en début de parcours, on peut maintenant dire que Sébastien a trouvé sa place à l’éducation préscolaire. Voici ses réponses à mes questions.

1. Décris-moi ton parcours jusqu’à maintenant?

Je n’avais jamais travaillé avec les enfants avant mon bac en enseignement. J’ai fait mes sciences humaines au Cégep de Saint-Félicien, puis j’ai fait une session en gestion de commerce à Jonquière. J’ai fait un an en enseignement secondaire en univers social, et ensuite j’ai décidé de bifurquer vers le primaire. C’est mon parcours un peu atypique.

J’ai terminé mon baccalauréat en 2014. Avec la centralisation de la suppléance, ça a été très long avant d’avoir une classe à temps plein. C’est sûr que pendant un an, je n’ai pas fait beaucoup de suppléance parce que j’ai été superviseur dans un restaurant. Au primaire, c’est difficile de savoir quel niveau tu aimes, où tu veux enseigner. J’étais perdu dans tout ça, je ne savais pas si j’allais rester en enseignement, car la suppléance, ce n’est pas évident et on en fait longtemps.

J’ai commencé à faire du temps plein à partir de 2018. J’ai fait un 3/4 d’année en maternelle 4 ans, et ça fait maintenant 3 ans que je suis en maternelle 5 ans. C’est un beau hasard, mais j’ai principalement eu des contrats au préscolaire. Ça fait maintenant deux ans que j’ai des années à 100 % de tâche, mais je n’ai pas encore ma permanence.

2. Qu’est-ce qui t’a attiré vers ce domaine au départ?

Depuis que je suis jeune, je pensais être professeur. Pourtant, il n’y a pas d’enseignant dans ma famille, mais je me rends compte que je suis à l’aise devant un groupe. J’aime ça avoir le contrôle, transmettre le savoir, mes valeurs. Être enseignant, c’est devenir important pour quelqu’un, on est tout pour les enfants.

3. Qu’est-ce que tu aimes le plus du métier d’enseignant au préscolaire?

Quand j’ai fait mon 3e stage au préscolaire, ça a été mon plus beau stage. Je l’ai vraiment apprécié, même si j’avais plus de stress. Ce que j’aime, c’est la liberté du préscolaire. On a un programme, des lignes directrices, mais on n’est pas pris dans un carcan. On met la classe à notre gout, selon nos valeurs et ce qu’on veut faire. On n’a pas de rigidité.

Les enfants sont curieux, ils veulent apprendre, ils sont intéressés, et ils sont naïfs en même temps. C’est le plaisir du préscolaire. On est toujours dans le plaisir. Ils sont fatigués? Ce n’est pas grave, on va faire autre chose! Il n’y a pas de programme strict à suivre. Au primaire, il faut évaluer, faire des examens, on doit entrer des notes. Au préscolaire, tu apprends à connaitre les enfants, tu les évalue en les observant, tout simplement. Tu n’as pas besoin de mettre ça sur papier, tu en viens à les connaitre par cœur. Il y a moins de stress.

4. Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton niveau actuel?

La maturité des 5 ans. Ils sont prêts à être à l’école, ils sont un peu plus indépendants de leurs parents. Ils sont plus éveillés, ils ont une soif d’apprendre. Ils apprennent à socialiser. C’est plaisant de leur montrer comment vivre en groupe, comment interagir en société. Dans ma classe, on voit les lettres, on commence à travailler avec les sons, c’est plaisant. Ils apprennent rapidement, ils arrivent même à lire quelques mots. La partie « enseignement » me plait, combinée avec la liberté du jeu et le plaisir.

5. Quel conseil donnerais-tu à une personne qui fait son entrée dans la profession?

Avoir confiance en soi, car les enfants sentent automatiquement quand tu es stressé ou quand tu manques de confiance. Ils sentent l’énergie… Tu n’as pas besoin de parler, juste ta présence, ils le sentent. C’est beaucoup de bienveillance… Être authentique avec les enfants. Ils sentent ton énergie, tu ne peux pas leur mentir. Il faut que tu sois vrai devant eux, que tu sois un.

Il ne faut pas que tu te prennes pour un autre, ça ne marchera pas avec les enfants. Il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, on est humains. Il y a des journées qui se passent moins bien, des journées où on est plus fatigués. C’est ça être un, être authentique devant les enfants… vrai comme on est dans la vie de tous les jours.

Un autre conseil si on veut survivre dans l’enseignement, c’est d’avoir un bon cadre avec les enfants. Pas être sévère, mais avoir un cadre pour les sécuriser. Il faut savoir gérer sa classe, être le « chef » pour que les enfants nous suivent. Ça prend quelques mois pour que les enfants comprennent ton cadre, tes valeurs, la façon dont tu veux travailler. Après on peut relâcher la vis.

Sinon, tu ne survis pas. Ça devient exigeant, tu passes ton temps à gérer des comportements. Les enfants sont un peu insécures en début d’année, mais avec un cadre ils se sentent en sécurité. S’il arrive un pépin avec un autre enfant, ils savent que tu vas intervenir et que tu ne laisseras rien passer. Il se sentent bien ensuite.

Merci Sébastien pour cette entrevue inspirante qui m’a rappelé pourquoi j’avais moi aussi choisi la flexibilité du préscolaire.

Ci-dessous, quelques  réalisations que Sébastien a gentiment accepté de nous partager.