Dans les milieux préscolaires, la rentrée est un moment clé qui nous permet de commencer notre année du bon pied. C’est l’occasion d’apprendre à connaitre les enfants qui composent notre groupe et de poser les bases de notre fonctionnement. Selon moi, plus on investit d’énergie dans notre rentrée, plus on en économise par la suite.

Dans les dernières semaines, je vous ai présenté différents articles en lien avec la rentrée. Pour clore ce dossier thématique, je regroupe ici mes 5 essentiels pour une rentrée réussie au préscolaire.

1. Un horaire stable et réfléchi

Mon premier essentiel à considérer avant la rentrée au préscolaire est l’horaire quotidien. Un horaire stable et prévisible sécurise les enfants et favorise leur adaptation au milieu éducatif. L’horaire doit donc être pensé en fonction des besoins des enfants : créer des rituels qui vont créer des repères, prévoir assez de temps pour profiter de la richesse des moments de routine, minimiser le temps d’attente des enfants et favoriser les transitions actives.
Les enfants qui attendent sans rien faire s’ennuient et trouvent vite le moyen de s’occuper, notamment en se servant de leurs pairs comme sources de stimulation et de distraction.

– Nicole Malenfant

Pour y arriver, je vous recommande de mettre à l’écrit le déroulement d’une journée type dans votre groupe avec le plus de détails possible. Que feront les enfants? Quel sera le rôle de l’adulte? Que vont-ils faire lorsque la tâche sera terminée? Etc. Portez une attention particulière aux routines et aux transitions, moments où le groupe est plus vulnérable à la désorganisation. Que pouvez-vous faire pour garder les enfants actifs et minimiser le temps d’attente? En sachant où vous allez, il vous sera plus facile de guider les enfants lors de leur première journée.

Évidemment, le but n’est pas de définir un horaire réglé à la minute près. Il est important de garder une flexibilité au cas où les choses prendraient plus de temps que prévu. Toutefois, comme vous aurez déjà prévu des activités ou des jeux simples pour combler les temps d’attente, vous ne serez pas déstabilisé.e par les imprévus. En bonus? Votre horaire type sera déjà prêt pour votre cartable de remplacement!

2. Un aménagement qui répond aux besoins des enfants

Mon deuxième essentiel de la rentrée, c’est l’aménagement du local. Lorsqu’il est réfléchi et aménagé avec soin, l’environnement éducatif soutient directement notre intervention auprès des enfants. L’aménagement doit donc lui aussi être pensé en fonction des besoins des enfants. Avant tout, le local se doit d’être un lieu chaleureux et accueillant, dans lequel les enfants se sentent en sécurité, tant sur le plan physique qu’affectif.

On veut également que le local soit stimulant, pour que les enfants s’engagent dans le jeu et les activités proposées, mais pas trop, ce qui nuirait à leur concentration. Pour évaluer l’ambiance générale de votre local, vous pouvez par exemple porter attention aux couleurs, aux textures, à la luminosité et à la décoration.

Enfin, l’aménagement des lieux doit soutenir l’autonomie des enfants et leur permettre de s’engager librement dans le jeu. Mettez-vous à la place des enfants pour évaluer votre aménagement de leur point de vue. Voient-ils facilement le matériel disponible? Ont-ils facilement accès au matériel dont ils ont besoin pour leurs jeux ou leurs routines? Ont-ils accès à du matériel dont l’utilisation est restreinte? Essayez mon truc de la planche à roulettes! Cela vous fera voir le local sous un autre angle.

3. Des attentes claires et constantes

Mon troisième essentiel consiste à définir nos attentes comportementales. L’objectif est de savoir dès le début de l’année quelles sont nos limites, de les énoncer clairement et de les appliquer avec constance. Cela contribue à sécuriser l’enfant et facilite son adaptation, car il sait ce qui est attendu de lui. Il peut ensuite prendre des initiatives à sa hauteur tout en demeurant dans le cadre établi.

Dans un article précédent, je vous ai expliqué 4 bonnes raisons de définir des limites pour les enfants. En fait, les limites sont essentielles au développement de l’enfant. C’est pourquoi je vous recommande de penser à votre stratégie de gestion des comportements avant le début de l’année.

(Parenthèse importante : je n’aime pas utiliser l’expression « gestion des comportements ». Cette expression met l’accent sur le comportement et oublie un élément très important derrière : l’enfant et ses besoins. On ne veut pas juste éliminer de « mauvais » comportements, mais aider l’enfant à acquérir les comportements souhaitables pour vivre en collectivité. Je préfère de loin l’expression anglophone « behavioral guidance », qui suggère de guider l’enfant dans ses choix comportementaux. Toutefois, faute d’équivalent francophone adéquat, je me replie ici sur l’expression couramment utilisée en français!)

Revenons à nos moutons, je vous recommandais de faire un plan pour définir clairement vos attentes! Pour ce faire, posez-vous les questions suivantes : Quels comportements sont acceptables ou non dans le groupe? Comment je vais rediriger l’enfant avec bienveillance pour qu’il apprenne le comportement souhaité? En définissant votre encadrement à l’avance, vous pourrez guider les enfants avec constance et cohérence dès le début de l’année. Avec votre soutien, l’enfant pourra faire son petit bout de chemin vers l’autodiscipline.

4. La relation avec l’enfant

Mon quatrième essentiel de la rentrée au préscolaire est la relation avec l’enfant. Si j’avais à choisir un seul essentiel parmi toute la liste, je prendrais certainement celui-ci. La relation, c’est la fondation dans laquelle on vient ancrer toute notre approche éducative. Sans relation significative, on ne peut pas aller bien loin avec les enfants.
Kids don’t learn from people they don’t like – Les enfants n’apprennent pas de personnes qu’ils n’apprécient pas.

– Rita F. Pierson (voir son TED Talk ici)

Mon premier objectif en début d’année serait donc de tisser un lien affectif avec chaque enfant. Et j’insiste : avec TOUS LES ENFANTS. Peu importe son attitude, son comportement, les affinités qu’on a avec lui ou même son niveau d’hygiène corporelle, chaque enfant mérite d’être accueilli, apprécié et respecté dans son unicité. C’est la base de notre approche démocratique. Prenez le temps d’apprendre à connaitre chaque petit être unique qui compose votre groupe. Partez à la découverte de ses intérêts, de ses habiletés, de ses besoins, mais surtout de son potentiel, notamment en appliquant ces trois stratégies toutes simples.

Une fois cette relation établie, vous pouvez tisser un réel partenariat avec les enfants et c’est là que la magie commence! Lorsqu’ils ont confiance en l’adulte et qu’ils se sentent appréciés et respectés pour ce qu’ils sont, les enfants acceptent plus facilement son soutien émotionnel et comportemental. La relation devient un puissant levier d’intervention pour aider l’enfant à développer son plein potentiel.

5. L’accueil des émotions de l’enfant

Dans la poursuite du point précédent, mon dernier essentiel est l’accueil des émotions de l’enfant. En début d’année, des émotions, on en voit de toutes sortes : tristesse, insécurité, anxiété, frustration excitation, ennui, et toutes les combinaisons possibles entre celles-ci! Ce qu’il faut retenir de tout ce tourbillon, c’est que peu importe ce qui les a causées, les émotions de l’enfant sont réelles et légitimes.

C’est pourquoi il est important de créer un espace sécuritaire où l’enfant peut exprimer ses émotions en toute confiance dès la rentrée. Quand ils sont envahis par la vague, les enfants ont avant tout besoin d’être écoutés, réconfortés, et de se sentir compris. Faites attention à ne pas utiliser l’une de ces trois phrases banales en apparence, mais qui minimisent ce qu’ils vivent. Devant les grandes émotions des enfants, compassion et bienveillance sont de mise! Une fois le tsunami apaisé, ils seront plus disposés à envisager les solutions par la suite.

Il se peut également que les enfants n’aient pas encore les mots pour exprimer leurs émotions adéquatement. Ou que la vague soit tellement grande qu’ils ne savent plus comment s’apaiser quand elle les envahit! En début d’année, prenez le temps de modéliser différentes stratégies d’expression et de régulation des émotions. Par exemple, vous pouvez utiliser des pictogrammes des émotions pour aider l’enfant à identifier comment il se sent. Vous pouvez aussi implanter un coin calme où les enfants peuvent se retirer quelques instants lorsqu’ils sentent la tension monter. Plus on modélise ces stratégies et on les soutient en début d’année, plus les enfants pourront les utiliser de façon autonome par la suite.

Conclusion

Pour terminer, voici un petit résumé de mes conseils. Avant la venue des enfants, planifiez l’organisation quotidienne de votre groupe en ajustant votre horaire et votre aménagement en fonction des besoins des enfants. Prenez ensuite un temps pour réfléchir à votre posture éducative. Comment allez-vous accueillir l’enfant en début d’année? Et accueillir ses émotions? De quelle façon allez-vous entretenir la relation avec chacun d’eux tout au long de l’année? Comment allez-vous guider l’enfant de façon bienveillante dans ses choix comportementaux?

Ensuite, il s’agira de prendre le temps d’implanter tout cela. C’est vrai que la rentrée au préscolaire est un moment chargé. Toutefois, je suis convaincue que lorsque vos bases seront établies, le déroulement de votre année en sera facilité. Les enfants gagneront en autonomie, vous serez plus efficace dans vos tâches, mais surtout, vos interventions seront facilitées par le lien de confiance qui vous unit. Lorsque nos fondations sont solides, on peut construire ce qu’on veut par-dessus!

Il vous reste deux jours pour vous inscrire au bootcamp de la rentrée et travailler sur vos 5 essentiels en bonne compagnie! Le bootcamp de la rentrée, c’est un « camp d’entrainement » virtuel pour poser les bases de votre fonctionnement et démarrer l’année du bon pied. L’évènement débute par une journée de formation ce jeudi, puis il se poursuivra jusqu’en octobre dans la communauté privée. Il me fera plaisir de vous accueillir dans notre grande famille!

Référence :

Malenfant, N. (2021). Routines et transitions en services éducatifs : CPE, garderie, SGMS, maternelle 4 ans et 5 ans (4e éd.). Presses de l’Université Laval.