Ah les routines…

Certaines personnes les aiment, alors que d’autres les détestent, mais une chose est certaine, c’est que les enfants en ont besoin!

De notre point de vue d’adulte, on est parfois déconnectés de tout le sens qu’ont les routines pour les enfants. Nicole Malenfant l’illustre bien dans cet extrait de son livre Routines et transitions en services éducatifs :

La plupart des adultes détestent la routine qui réfère le plus souvent à ce qui se répète avec lassitude et monotonie comme un mal nécessaire. Le Petit Larousse définit la routine comme une « habitude mécanique, irréfléchie, et qui résulte d’une succession d’actions répétées sans cesse […] qui crée un état d’apathie, une absence d’innovation ».
Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis ça, ça me déprime!

En tant qu’adulte, il est facile de tomber dans le piège de la répétition et de considérer les routines comme des passages obligés. Toutefois, pour les enfants, ces activités qui reviennent sur une base quotidienne jouent un rôle très important.

D’une part, elles permettent de répondre à leurs besoins physiologiques (alimentation, repos, hygiène) et de développer leur autonomie.

D’autre part, leur aspect répétitif et prévisible les aide à se repérer dans la journée. Cela leur apporte le sentiment de sécurité nécessaire pour explorer leur environnement, bref pour apprendre et se développer.

Fait intéressant : environ 50 % des habiletés dont a besoin pour être autonome en tant qu’adulte sont apprises lors des routines à la petite enfance.

C’est pourquoi il est important de considérer les routines du point de vue de l’enfant pour nous rappeler tout le potentiel dont elles regorgent.

Bien plus qu’un passage obligé!

Pour illustrer l’apport des activités de routine au développement de l’enfant, prenons un exemple qui revient quotidiennement dans tous les milieux éducatifs : la collation. Dans les prochains paragraphes, je listerai sommairement tout ce que les enfants peuvent apprendre ou développer pendant la collation.

Développement sensoriel et moteur

Le moment de la collation regorge de stimulations sensorielles et motrices pour les enfants. Elle leur permet d’expérimenter une variété d’aliments et d’exécuter différentes actions de motricité globale et fine.

Par exemple, la collation est pour l’enfant l’occasion de :

  • Découvrir des aliments avec ses 5 sens (goûts, odeurs, textures, sons, couleurs)
  • Développer sa motricité fine (utiliser des ustensiles, ouvrir les plats, prendre de petits aliments)
  • Développer sa motricité globale (maintenir la posture assise, développer son tonus musculaire)
  • Développer son schéma corporel (p. ex. en se lavant le visage)
  • Développer la latéralité (découvrir quelle main est la plus efficace pour manier la cuiller et la fourchette)
  • S’initier aux saines habitudes de vie
  • Etc.

Développement social et affectif

Sur le plan socioaffectif, la collation représente un moment privilégié d’entretenir le lien entre l’adulte et les enfants. Lorsque l’adulte prend le temps de s’asseoir et de manger avec les enfants, elle crée un moment chaleureux, propice aux échanges, un peu comme un repas en famille.

Voici quelques habiletés sociales et affectives que les enfants développent pendant la collation :

  • Autonomie (répondre à ses besoins)
  • Capacité à demander de l’aide
  • Sentiment d’appartenance
  • Connaissance de soi (parler de ses préférences, de ses activités, de sa famille)
  • Sens des responsabilités (accomplir des tâches, prendre soin de l’environnement)
  • Relation avec les pairs et l’adulte (initier la conversation, utiliser les mots de politesse)
  • Attendre son tour
  • S’entraider
  • Etc.

Développement langagier

La collation est aussi une belle occasion de favoriser l’engagement de l’enfant dans des conversations avec ses pairs et l’adulte. Elle regorge d’opportunités pour soutenir le développement langagier de l’enfant.

Lors de cette routine les enfants sont amenés à :

  • Comprendre les consignes exprimées à l’oral
  • Respecter les règles de la communication (écouter la personne qui parle, regarder l’autre, attendre son tour)
  • Développer son vocabulaire (aliments, couleurs, textures, etc.)
  • S’exprimer à l’aide de phrases de plus en plus complexes
  • Développer sa capacité à raconter (faire des liens entre les événements)
  • Poser des questions et y répondre
  • Reconnaitre des symboles, des lettres ou des mots sur les emballages
  • Etc.

Développement cognitif

Enfin, la collation regorge de stimulations en tout genre sur le plan cognitif. C’est un moment où les capacités d’organisation (spatiale et temporelle) des enfants sont grandement sollicitées. On peut aussi attirer leur attention sur les aliments devant eux et développer une foule d’habiletés comme :

  • Comparer de petites quantités (un peu, beaucoup, plus, moins, autant)
  • S’initier au vocabulaire de mesure (petit/grand, court/long, mince/épais, etc.)
  • Reconnaitre les formes géométriques
  • Faire des suites logiques
  • Utiliser le vocabulaire spatial (au-dessus, en dessous, dedans, dehors, à gauche, à droite, etc.)
  • Utiliser le vocabulaire temporel (avant, après, aujourd’hui, hier, demain)
  • Etc.

Des moments riches du quotidien

Qui aurait pu penser qu’un court moment comme celui de la collation permettait de soutenir autant d’habiletés chez les enfants? Bien plus que des passages obligés, les routines représentent des occasions privilégiées de renforcer le lien avec les enfants et de soutenir toutes les facettes de leur développement.

Les routines s’inscrivent ainsi dans notre mission éducative globale au même titre que les activités dites « pédagogiques ». C’est pourquoi tout autant d’attention devrait être accordée à la planification de leur déroulement.

Fait intéressant #2 : les routines et les transitions occupent en moyenne 40 % de notre journée (cette proportion peut monter jusqu’à 80 % avec les poupons). Mieux vaut apprendre à les apprécier à leur juste valeur!

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Référence :

Malenfant, N. (2021). Routines et transitions en services éducatifs : CPE, garderie, SGMS, maternelle 4 ans et 5 ans (4e éd.). Presses de l’Université Laval.