Connaissez-vous la métaphore du jardin? C’est une image que j’utilise régulièrement illustrer le rôle de l’enseignante et de l’éducatrice au préscolaire. Je la trouve très parlante pour parler de l’importance du respect du rythme de l’enfant, comme je vous l’ai raconté précédemment dans cet article.
Bien que cette idée me soit venue spontanément lors d’une formation, il y a des traces de la métaphore du jardin depuis la naissance des services d’éducation préscolaire au Québec. En effet, au début du 19e siècle, les enseignantes qui accueillaient les enfants âgés entre 3 et 6 ans étaient appelées des « jardinières d’enfants ». Un hasard? Peut-être que oui, ou peut-être avaient-elles déjà compris la métaphore du jardin!
Mais qu’est-ce que la métaphore du jardin?
Imaginez que vous êtes un jardinier qui décide de semer des graines…
Qu’allez-vous faire en premier?
– Préparer le sol et vous assurer qu’il soit en bonne condition pour accueillir les graines.
Ensuite?
– Semer les graines, les arroser, s’assurer qu’elles aient assez de soleil, observer, les arroser de nouveau, mais surtout… être patient.e!
C’est un peu la même chose qui se produit dans notre classe ou notre local lorsqu’on accueille un nouveau groupe en début d’année …
Comme chaque sol a des caractéristiques différentes, chaque enfant arrive dans notre groupe avec un bagage qui lui est propre (habiletés, expériences, etc.). Certains sont déjà prêts pour l’apprentissage, alors que d’autres ont besoin de retravailler certaines bases. Comme le jardinier prépare le sol au printemps, l’éducatrice ou l’enseignante s’assure d’accueillir l’enfant où il est et de lui fournir les bases pour qu’il se développe harmonieusement.
Ensuite, elle commence à semer des petites graines de connaissances, d’habiletés, ou de compétences. Comme dans un jardin, on ne voit pas le résultat apparaitre immédiatement, mais on sait que les graines sont là et qu’elles ont la capacité de germer. On s’assure que l’environnement est propice et que toutes les conditions sont réunies pour permettre à l’enfant de se développer.
Puis un jour, on voit sortir quelques petites pousses, des bourgeons de compétences qui se manifestent timidement au début. Comme les plantes qui ont besoin de soleil, les enfants ont besoin d’un environnement chaleureux dans lequel ils peuvent se sentir en confiance d’essayer de nouvelles choses. Ils ont besoin des rayons de confiance et d’amour de leur éducatrice ou de leur enseignante qui leur font sentir qu’ils sont capables de réussir.
Évidemment, toutes les fleurs ne poussent pas au même rythme. Certaines espèces ont besoin de plus de temps avant de se développer. Le jardinier est conscient que chaque plante a un rythme de croissance et des besoins qui lui sont propres. Il ne tire pas sur les fleurs pour les faire pousser plus vite. Il observe les plantes et répond à leurs besoins, mais surtout, il leur laisse du temps.
Similairement, dans notre groupe, les graines de compétences que l’on sème ne fleuriront pas toutes en même temps. Chaque enfant a son propre rythme de maturation. Certains ont besoin de plus de temps pour assimiler une nouvelle connaissance ou développer une habileté, alors que d’autres apprennent plus rapidement. L’enseignante ou l’éducatrice respecte le rythme de chaque enfant et lui fournit ce dont il a besoin pour se développer. Elle observe l’enfant et vient nourrir les bourgeons de compétences qui commencent à fleurir par des interventions judicieuses et adaptées à leurs besoins.
Et c’est ainsi qu’avec du temps et dans les bonnes conditions, chaque plante finit par s’épanouir. Comme notre jardin nous donne des fruits et des légumes pendant toute une saison, l’enseignante ou l’éducatrice cueillera les fruits qu’elle a semés tout au long de l’année. Parfois, ce sera même l’éducatrice ou l’enseignante suivante qui verra émerger certaines compétences qu’on a semées précédemment. Un pommier ne donne pas de pommes les premières années, mais on a tout de même confiance en sa capacité à porter fruits! C’est la même chose avec les enfants : on sème nos graines avec la confiance qu’elles germeront quand le moment sera venu.
Voilà, c’était l’essence de la métaphore du jardin!
On pourrait aussi ajouter des obstacles comme le vent ou le gel pour illustrer certaines difficultés que les enfants vivent dans leur parcours, ou encore parler de dispersion des graines lorsqu’un enfant fait profiter les autres élèves de ses compétences, mais je crois que vous avez compris l’idée générale!
Conclusion
En bref, on pourrait résumer la métaphore du jardin de la façon suivante : chaque enfant dans notre groupe est comme un petit jardin dans lequel on sème des graines de compétences. Comme un jardinier, l’enseignante ou l’éducatrice respecte le rythme de l’enfant et lui fournit les conditions nécessaires pour qu’il se développe. Tôt ou tard, des bourgeons de compétences font leur apparition et nous commençons à récolter les fruits que nous avons semés.
Est-ce que cette métaphore vous parle? En utilisez-vous d’autres dans votre quotidien? N’hésitez pas à partager votre opinion dans les commentaires, je vous lirai avec plaisir!