Lorsqu’il est réfléchi et aménagé avec soin, on dit même que l’environnement devient un 2e éducateur ou un 2e enseignant pour les enfants. En ce sens, évaluer ponctuellement notre aménagement pour vérifier s’il répond bien aux besoins des enfants fait partie de notre rôle éducatif.
Dans cet article, je vous présente une stratégie toute simple pour y arriver : vous mettre à la place des enfants.
En effet, si on veut bien saisir l’expérience des enfants dans notre local, il est important de considérer les lieux de leur point de vue. C’est pourquoi je vous propose de parcourir le local dans la peau d’un enfant pour évaluer comment il s’y sent, à quoi il a accès, ce qu’il peut y faire avec ou sans aide, etc.
Prêt.e? C’est parti!
La première impression
Le local vous semble-t-il accueillant? Chaleureux? Confortable? Est-il plutôt dégagé ou encombré? Avez-vous envie d’y entrer? Vous rend-il excité.e? Anxieux.se? Ennuyé.e?
Ce qu’on souhaite, c’est créer un environnement chaleureux et accueillant, qui invite l’enfant à entrer et lui amène un sentiment de réconfort et de sécurité. Cela favorise son adaptation et son implication dans les différentes activités proposées. Pour créer une atmosphère chaleureuse, il est recommandé de porter attention aux couleurs, aux textures et à la luminosité présentes dans le local.
D’abord, les experts s’entendent pour dire que les couleurs claires et les matériaux naturels créent une atmosphère calme et chaleureuse dans le local. Lorsque possible, on recommande d’uniformiser les couleurs de l’ameublement et des bacs de rangement. Cela permet de mettre en valeur le matériel de jeu et les réalisations des enfants. On peut aussi remettre en question la décoration pour conserver uniquement ce qui est essentiel. Un excès de couleurs et de matériel peut créer de la fatigue visuelle et nuire à la concentration. Un local encombré peut quant à lui donner une impression de désordre, de confusion aux enfants.
Pour ce qui est des textures, on privilégie des éléments qui font sentir l’enfant confortable dans le local. Par exemple, on peut ajouter des tapis dans les endroits où il va jouer au sol ou des coussins dans le coin lecture. On peut également prévoir un endroit douillet où il pourra aller se réfugier s’il a besoin d’être seul.
Toujours pour créer une atmosphère calme et chaleureuse, il est recommandé de faire le plus de place à la lumière naturelle possible. Si on doit ajouter de l’éclairage artificiel, privilégier les ampoules régulières aux fluorescents qui ont tendance à exciter les enfants. On peut également utiliser des lampes d’appoint pour créer de l’ambiance lors de moments spécifiques.
En bref, il s’agit de s’assurer que le local est agréable à l’œil et qu’il s’en dégage une atmosphère paisible. Un local attrayant montre aux enfants que vous prenez soin de l’environnement dans lequel ils évoluent et que leur confort vous tient à cœur.
Le point de vue de l’enfant
Qu’est-ce que l’enfant voit?
Si vous travaillez en pouponnière, mettez-vous dans la peau d’un bébé. Comme l’enfant est tout petit, le matériel rangé sur les étagères ou en bordure de la table à langer peut l’empêcher d’établir le contact visuel avec l’adulte nécessaire pour sa sécurité affective. De plus, celui-ci peut représenter un risque de blessure s’il tombe sur l’enfant. Plus les enfants sont petits, plus on recommande d’utiliser des rangements bas et d’aménager un espace dégagé.
Si vous travaillez avec les plus grands, évaluez si l’enfant peut voir les différentes aires de jeu en parcourant le local des yeux. Pour favoriser son autonomie et son engagement actif dans le jeu, l’enfant devrait être en mesure de voir tous les choix qui s’offrent à lui d’un seul coup d’oeil. Si des objets encombrants font obstruction, retirez-les.
Demandez-vous ensuite si l’enfant voit le matériel auquel il a accès. Si le matériel de jeu est présenté dans des boites fermées ou opaques, l’enfant ne sera pas toujours conscient du matériel dont il dispose. Assurez-vous que l’enfant voie facilement le matériel disponible pour qu’il puisse s’engager dans un jeu pleinement développé. Pour ce faire, il est recommandé de privilégier les contenants ouverts ou transparents.
Si cela n’est pas possible, étiquetez les contenants d’une façon significative pour l’enfant. Chez les tout-petits, on peut coller directement l’objet sur le contenant ou prendre une photo du contenu du bac. À partir de 3 ans, les enfants peuvent comprendre une image ou un pictogramme qui représente les jouets contenus dans la boite. Chez les plus grands, on peut ajouter le mot pour favoriser l’émergence de l’écrit, mais l’image est encore importante pour qu’il associent du sens à cette suite de lettres.
À quoi peut-il toucher?
Promenez-vous dans chaque zone du local (toujours sur votre planche à roulettes!) et évaluez le matériel auquel les enfants ont accès.
Sont-ils en mesure d’atteindre par eux-mêmes le matériel dont ils ont besoin pour le jeu ou les routines? Ont-ils accès à du matériel interdit?
Pour favoriser l’autonomie de l’enfant, évitez les tablettes en hauteur pour le matériel utilisé quotidiennement. Il est préférable de ranger le matériel qui sera utilisé régulièrement (p. ex. matériel de bricolage, papier-mouchoirs, etc.) dans des meubles à la hauteur des enfants. Pour ce qui est des jeux de construction, des figurines ou des voitures, ils peuvent simplement être disposées dans un bac sur le sol près de l’endroit où les enfants vont les utiliser. De cette façon, on s’assure que les enfants puisse débuter leur jeu sans attendre que l’adulte leur donne le matériel.
Enfin, évaluez si l’enfant a accès à du matériel dont l’utilisation est restreinte ou réservée à l’adulte. Évidemment, le matériel restreint peut varier selon le groupe d’âge : à 2 ans, les enfants n’auront pas accès à des ciseaux en tout temps, alors que cela ne posera pas problème pour un groupe d’enfants de 4 ans.
Pour favoriser l’initiative de l’enfant, il est préférable de mettre à sa portée seulement le matériel qu’il peut manipuler de façon autonome. Les autres objets peuvent être rangés en hauteur, dans des contenants opaques ou dans des armoires fermées.
Ma philosophie : s’ils peuvent y toucher, ils peuvent le prendre (lorsque le moment est approprié, bien sûr). Cela réduira considérablement le nombre d’interdictions données aux enfants et allègera votre charge mentale.
Conclusion
– Qu’est-ce que l’enfant voit?
– À quoi peut-il toucher?
À vous de jouer!
Au plaisir de vous lire!
Références :
Boucher, A.-M. (2018). Mon rôle éducatif : définir l’approche pédagogique à adopter avec l’enfant. Pearson ERPI.
Brewer, J. A. (2007). Introduction to early childhood education: Preschool through primary grades (6e éd.). Pearson.
Epstein, A. S. (2020). L’apprentissage actif au préscolaire : accompagner l’enfant vers son plein potentiel. Chenelière Éducation.