La contagion émotionnelle, qu’est-ce que c’est?
En tant qu’adulte, vous est-il déjà arrivé de plisser les yeux devant un enfant est en colère ou de sourire face à un enfant qui rit de bon cœur? Si oui, vous avez déjà expérimenté la contagion émotionnelle!
Posée simplement, la contagion émotionnelle, c’est le transfert des émotions d’une personne à une autre.
Comme l’explique le professeur Pierrich Plusquellec, « chaque fois que nous interagissons avec quelqu’un, nous ressentons son émotion. C’est une réponse automatique, non intentionnelle et souvent non reconnue. Nous imitons et synchronisons les expressions faciales et mouvements du corps ».
On a même trouvé une explication biologique à ce phénomène : les neurones miroir.
Lorsqu’on est en relation avec une autre personne, ses gestes, les mouvements de ses yeux, ses expressions faciales, sa posture et son intonation nous influencent sans même qu’on s’en rende compte. Inconsciemment, nous captons ces signaux et nos neurones miroir les reproduisent dans notre cerveau. C’est ainsi que notre expression faciale, notre attitude et nos émotions se modulent en fonction de celles de l’autre.
C’est comme un superpouvoir d’adaptation!
Fait intéressant : c’est aussi à cause de ces neurones qu’on baille quand on voit quelqu’un bailler!
Et les enfants dans tout ça?
Les enfants n’échappent pas à la contagion émotionnelle (ni à la gastro d’ailleurs!). Dès leur plus jeune âge, les enfants détectent les émotions des personnes qui les entourent et les reproduisent inconsciemment.
Comme leur cerveau est encore immature, ils se retrouvent souvent pris au piège avec une émotion qui ne leur appartenait pas au départ, mais qu’ils vivent réellement maintenant.
Lorsque l’enfant capte une émotion et que son cerveau en reproduit les signaux, il n’arrive plus à départager si c’est la sienne ou non. Il est assailli par les manifestations physiques et psychologiques de l’émotion en question et la ressent à son tour.
Vous avez certainement déjà vu un bébé se mettre à pleurer sans aucune raison apparente devant un autre enfant qui pleure? C’est un exemple courant de contagion émotionnelle. L’enfant « absorbe » l’émotion de l’autre et elle devient sienne. C’est d’ailleurs pour cela qu’on dit que les enfants sont de réelles éponges à émotions.
Qu’elles viennent des autres enfants, des éducatrices ou de ses parents, l’enfant capte toutes les émotions qui l’entourent et doit prendre le temps de les « digérer » à son tour (c’est moi où il y a trop de liens avec la gastro dans cette section?).
Le rôle de la contagion émotionnelle dans l’adaptation au service de garde
Étudions le cas de deux parents qui conduisent leur enfant au service de garde pour la première fois. Ces deux parents vivent probablement les mêmes émotions à l’intérieur. Tous les parents ont un pincement au cœur la première fois qu’ils apportent leur enfant au service de garde, c’est normal et totalement humain!
Le parent A est très nerveux. Il arrive à la garderie et pose plusieurs questions à l’éducatrice. Il reste dans l’entrée du local et retarde le moment de la séparation. Après un certain temps, il laisse son bébé à contrecœur dans les bras de l’éducatrice et s’en va les larmes aux yeux.
Malheureusement, ce parent envoie plusieurs signaux d’insécurité à l’enfant. Il y a fort à parier que cet enfant se mettra à pleurer dès que son parent s’éloignera et que l’éducatrice aura de la difficulté à le réconforter. Comme il a absorbé l’anxiété de son parent, l’enfant abordera la journée avec insécurité. Il sera plus difficile pour lui de découvrir son environnement et d’interagir avec les autres personnes.
Le parent B est lui aussi un peu inquiet, mais il choisit de faire confiance à l’expérience et à l’expertise de l’éducatrice. Il arrive au service de garde souriant et lui adresse un bonjour chaleureux. Après les échanges d’usage, il serre son enfant dans ses bras et lui dit qu’il va passer une bonne journée en compagnie de Nathalie (nom fictif), puis il part.
Par son attitude positive, ce parent transmet une vague de confiance à son enfant. Il est toujours possible que celui-ci pleure lorsqu’il verra son parent partir, mais il abordera la journée avec plus de confiance. Il sera plus facile pour lui de créer un lien avec l’éducatrice puisque le parent a adopté une attitude positive envers elle. Il sera disposé plus rapidement à participer aux activités proposées et à aller vers les autres.
Bien sûr, ces exemples sont des caricatures un peu extrémistes de la réalité. Chaque enfant s’adapte à son propre rythme et à sa façon, mais il est certain que l’attitude du parent peut faciliter (ou pas!) son intégration au service de garde.
Conclusion
Vous aimeriez apprendre davantage au sujet de l’intégration au service de garde? Je vous invite à consulter ma formation L’adaptation au service de garde. Cette formation est offerte en deux versions : la première pour les nouveaux parents utilisateurs d’un milieu de garde et la seconde pour le personnel éducateur qui accompagnera de nouvelles familles. J’y présente une foule de conseils pratiques pour accompagner les enfants et leurs parents dans cette transition. Un beau cadeau à faire à votre milieu en vue de la rentrée!
Références :
Nancy, D. (2018). Les émotions sont contagieuses. UdeM nouvelles.
Sender, E. (2019). Les émotions sont contagieuses somme des virus. Sciences et Avenir.