Comme je l’ai déjà mentionné dans un quiz sur Facebook, la relation qu’on entretient avec l’enfant est notre principal outil d’intervention au quotidien. C’est un levier puissant pour l’accompagner dans son développement et le guider de façon bienveillante dans la régulation de ses comportements. C’est pourquoi j’ai décidé d’y consacrer ce premier article du dossier thématique de la rentrée.

L’importance de la relation avec l’enfant

La relation d’attachement entre l’adulte et l’enfant est nécessaire au développement de son plein potentiel. Elle constitue la base de sécurité à laquelle il se réfère pour explorer le monde qui l’entoure et entrer en relation avec les autres enfants. C’est grâce à elle que l’enfant peut s’engager activement dans les situations de développement et d’apprentissage qu’on lui présente.

Fait intéressant : plus l’enfant est attaché à une personne, moins il a besoin d’être à ses côtés. Lorsque l’attachement est bien installé, l’enfant sait qu’il peut compter sur l’adulte en cas de besoin. Il sait que cette personne sera là pour le réconforter ou l’accompagner dans ses défis. Il va donc explorer son environnement plus librement.

Sans cette relation sécurisante, on peut difficilement guider les enfants. Dans ce TED Talk que je ne me lasse pas d’écouter, l’enseignante retraitée Rita F. Pierson résume toute l’importance de la relation en une phrase très simple : « Kids don’t learn from people they don’t like – Les enfants n’apprennent pas des personnes qu’ils n’aiment pas ».

Dans cet article, je vous présente donc 3 stratégies toutes simples pour renforcer votre relation avec l’enfant et l’utiliser comme levier développemental.

Stratégie 1 : Se mettre à la hauteur de l’enfant

Quand on est debout, qu’on le veuille ou non, on crée une distance (physique et émotionnelle) avec l’enfant. Celui-ci nous voit de loin. Il est plus difficile d’établir un contact visuel et de s’engager dans une interaction chaleureuse.

S’accroupir ou s’assoir à la hauteur de l’enfant amène une plus grande proximité. On est en mesure de se regarder dans les yeux et de se parler d’égal à égal. Cela lui montre qu’on le considère comme un individu à part entière, un partenaire. C’est d’ailleurs la base d’une approche éducative démocratique (voir conférence gratuite sur le sujet juste ici!).

L’enfant se sent considéré dans ce qu’il est ou ce qu’il vit. Il se sent plus important pour nous. Plus enclin à exprimer ce qu’il ressent. De plus, cela diminue le rapport d’autorité que l’enfant pourrait ressentir devant un adulte beaucoup plus grand que lui.

En somme, renforcer vos muscles pour vous accroupir sans souffrir ou vous procurer un petit banc à roulettes pour être assise à la hauteur des enfants serait donc mon premier conseil pour consolider votre relation avec l’enfant.

Stratégie 2 : Parler avec le parent DEVANT l’enfant

Je sais que ce n’est pas facile dans tous les milieux, mais ma deuxième stratégie consiste à parler avec les parents devant l’enfant. Lorsque possible, on a tout avantage à inviter les parents en classe ou à leur parler en début ou en fin de journée. Cela vient indirectement renforcer notre relation avec l’enfant, et ce, de deux façons.

D’abord, parler avec le parent devant l’enfant lui montre qu’on s’intéresse à sa famille (qui, rappelons-le, occupe la place la plus importante dans son cœur!). Cela lui montre qu’on s’intéresse aux personnes qu’il aime et à ce qu’il vit. Il se sent encore plus considéré dans tout ce qu’il est. Cela lui montre qu’on n’est pas là pour contredire ses parents, mais bien pour travailler avec eux.

Et un petit plus, cela nous permet aussi de mieux connaitre l’enfant, de savoir ce qu’il vit en dehors du milieu éducatif et d’ajuster nos interventions en conséquence!

Cette équation est aussi vraie en sens inverse. Le fait que le parent parle avec nous amène aussi l’enfant à nous faire confiance. Comme je l’ai expliqué dans cet article sur la contagion émotionnelle, l’attitude du parent influence directement celle de l’enfant. L’enfant qui voit que son parent a confiance en l’éducatrice ou l’enseignante et qu’il lui parle avec plaisir et ouverture amène automatiquement le même sentiment chez lui. Celui-ci est donc plus enclin à s’ouvrir à nous s’il voit que son parent nous fait confiance.

Bref, dans un sens comme dans l’autre, parler au parent devant l’enfant lui montre qu’on établit un partenariat avec sa famille et fait naitre un sentiment de confiance chez lui.

Stratégie 3 : Donner de l’attention positive à l’enfant

Dans un monde idéal, notre ratio d’interactions avec chaque enfant devrait être de 5 interactions positives pour chaque interaction négative. 5 pour 1… c’est parfois tout un défi! Devant le nombre d’enfants dans notre groupe et les défis comportementaux qui se présentent, il est possible qu’on s’adresse à certains enfants principalement pour les ramener à l’ordre ou recadrer leur comportement. On est probablement plus près du 1/5 à ce moment.

Je vous invite donc à inverser ce ratio pour tirer pleinement profit de votre relation avec les enfants. Pour ce faire, il s’agit d’offrir à chacun de l’attention positive dans les petits moments du quotidien. En prime, leur offrir de l’attention positive lorsqu’ils n’en demandent pas peut aider à diminuer les comportements de recherche d’attention négative!

Quand je parle d’offrir de l’attention positive aux enfants, cela ne veut pas dire de les féliciter pour tout et pour rien. L’attention positive, c’est beaucoup plus large que cela! Oui, bien sûr, elle inclut les paroles positives qu’on adresse à l’enfant, mais elle se retrouve aussi dans nos gestes et notre attitude au quotidien. Elle inclut tout plein de signaux non verbaux qu’on envoie à l’enfant et qui montrent qu’on le considère et qu’on l’apprécie :

  • Un regard chaleureux
  • Un sourire
  • Une main sur l’épaule
  • Un clin d’œil
  • Un câlin (si l’enfant nous le demande)
  • L’écoute attentive lorsqu’il nous raconte quelque chose
  • La façon dont on l’accueille le matin
  • Le temps qu’on prend pour jouer avec lui
Il n’est donc pas nécessaire de revoir complètement tout ce qu’on dit aux enfants, mais de réfléchir à nos interactions non verbales positives pour compléter nos interventions verbales.

Conclusion

Il y a une foule de petites choses qu’on peut faire au quotidien pour renforcer notre relation avec l’enfant. Dans cet article, je vous ai présenté trois stratégies toutes simples pour y arriver. La clé, c’est de s’intéresser réellement aux enfants qui nous confiés et à leur famille, et d’éprouver du plaisir sincère à être en leur compagnie. Un regard, une présence, un sourire… chaque petit geste compte.

Une fois cette relation de confiance établie, vous verrez qu’il n’y a pas de limites à ce qu’on peut faire avec les enfants!

Vous aimeriez approfondir le sujet et réfléchir à ce que vous faites pour entretenir votre relation avec les enfants? J’ai créé le bootcamp de la rentrée spécialement à cet effet. Le bootcamp de la rentrée, c’est un « camp d’entrainement » virtuel où vous pourrez définir les bases de votre fonctionnement pour partir l’année du bon pied avec les enfants.

Références :

Bouchard, C. (2018). Le développement global de l’enfant de 0 à 6 ans en contextes éducatifs (2e éd.). Presses de l’Université du Québec.

Martin, J., Poulin, C. et Falardeau, I. (2008). Le bébé en services éducatifs. Presses de l’Université du Québec.